Les métiers d'antan

Les blanchisseuses ou lavandières

Les blanchisseuses lavaient, amidonnaient et repassaient le linge des familles aisées. C'étaient elles qui allaient récupérer puis rapporter le linge propre dans des paniers ou des grands plateaux (tray) chez les particuliers.

C'est à la rivière qu'elles allaient pour la plupart laver le linge.

Coiffées de grands chapeaux de paille pour se protéger des ardents rayons du soleil, les blanchisseuses relevaient très haut leur jupe et, afin d'avoir les bras libres, n'enfilaient pas les manches de la robe qu'elles attachaient sur le devant au niveau de la poitrine. Ainsi parées, le travail pouvait commencé.

D'abord, elles mouillaient le linge qu'elles déposaient par petits tas sur les pierres, puis elles savonnaient les différentes pièces avec du savon de Marseille puis elles frottaient. Pour bien faire sortir toute la crasse des vêtements, elles les battaient sur les pierres, elles les tordaient "tchisss", elles les tchokaient.

Pour blanchir le linge, elles l'étalaient, tout savonné au soleil, sur les roches, et elles l'arrosaient de temps en temps avec une eau cendrée.

Tout cela se faisait dans la bonne humeur, les bavardages (car elles étaient plusieurs à se retrouver au bord de la rivière) et les chants pour se donner de l'ardeur au travail.

Elles amidonnaient tout le linge sauf les tricots de corps et les serviettes de toilette. C'est le manioc qui donnait l'amidon : la moussache qu'il fallait délayer dans l'eau très chaude pour l'utiliser.

Le repassage s'effectuait à l'aide de fers (qu'on appelait aussi "karo") qu'elles faisaient chauffer directement sur un feu de charbon de bois. Elles possédaient au moins un jeu de deux fers : un qui chauffait pendant que l'autre était utilisé. Elles jugeaient de la chaleur du fer en l'approchant de leur joue (voir photo). A l'aide d'un chiffon, elles nettoyaient la semelle avant de l'appliquer sur le linge propre et afin qu'elle glisse sur le tissu, elle le frottait d'un chiffon imprégné de cire de bougie.

Comme pour la lessive, un jour de la semaine était réservé au repassage. Après cette longue journée à manier les fers, journée de chaleur et de transpiration intense, elles prenaient mille précautions pour ne pas attraper un chaud-froid (une congestion) : elles gardaient le même vêtement, ne touchaient pas l'eau, ne sortaient dans la fraîcheur, évitaient les courants d'air et la pluie, et ne mangeaient pas certains fruits comme la banane ou la mangue réputées pour refroidir l'intérieur du corps.

Elles étaient très méticuleuses et prenaient bien garde de ne perdre aucune pièce du linge dont elles avaient la responsabilité.

 

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