Après la rentrée à l'école communale, la Première Communion était le deuxième évènement important qui marquait la vie de nos aînés lorsqu'ils étaient enfants. La Première Communion couronnait une année de catéchisme où l'on enseignait aux enfants les Dix Commandements, le Ciel et l'Enfer, les sacrements, les péchés capitaux ... Dès que le curé avait communiqué la date de la cérémonie, les mamans couraient les magasins pour acheter du tissu et confectionner (ou faire confectionner par la couturière) les vêtements pour la cérémonie. Souvent, c'était à cette occasion que les enfants étrennaient leur première paire de chaussures. Il était d'usage d'emmener les enfants voir leur marraine peu avant le jour de la Première Communion. Celle-ci leur remettait souvent un petit cadeau : le tissu pour les vêtements ou un animal (poule, lapin ...). En général, les fillettes portaient une robe pour l'absolution et une robe pour la cérémonie avec capeline et gants. Les garçons portaient un costume blanc (chemise et short blancs). Une retraite de trois jours précédait la Première Communion. Durant cette période, la plupart des enfants étaient séparés de leur famille pour se préparer spirituellement à recevoir le Corps du Christ. Les parents de ceux qui rentraient à la maison le soir faisaient tout pour maintenir un état de calme autour du futur communiant : pas de cris, pas de disputes, pas de paroles déplacées dans l'entourage de l'enfant. Le samedi, veille du grand jour, les enfants recevaient l'absolution : ils se confessaient et pour la première fois recevaient le pardon pour tous les péchés commis. C'était l'âme purifiée qu'ils s'en retournaient dans leur famille qui observaient à leur égard beaucoup d'attention et de soins : il fallait préserver cet état de pureté jusqu'au moment sacré où ils recevraient le Corps du Christ. Durant la période de retraite des enfants, on ne chômait pas à la maison, car, après la messe, on recevrait la famille et quelques amis. On sortait alors des buffets, la belle vaisselle réservée aux grandes occasions, ainsi que les nappes brodées et bien repassées. S'il arrivait de manquer de plats ou de faitouts, on empruntait simplement chez la voisine. Du côté de la cuisine, les préparatifs allaient bon train pour préparer le repas de fête et les gâteaux à plusieurs étages (selon les moyens), décorés de blancs d'oeufs et de sucre glace. En Martinique, le matin de la Première Communion, les enfants buvaient du chocolat accompagné de pain au beurre. En Guadeloupe, on dégustait le chaudeau, et ce plutôt après la messe, accompagné d'un morceau de gâteau. Sitôt rentrés à la maison après l'église, les enfants buvaient leur petit verre d'eau pour "faire descendre l'hostie". Les réjouissances commençaient alors avec l'arrivée de la famille et des amis. On mangeait bien, on rigolait, mais on ne dansait pas pour respecter le côté religieux de ce sacrement.
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