Commerce de proximité

Les lolos

"Venez vendre" (en créole "vini ven') criait-on pour appeler la vendeuse à son comptoir.

Le lolo fait partie du patrimoine guadeloupéen. C'est une petite épicerie de quartier où l'on vend de tout et par petites quantités, par petits lots d'où l'expression "lolo" et qui, surtout, permet la vente à crédit.

Le lolo est une partie de la maison de l'épicière (dite la tenancière du lolo) : c'est un espace qui ouvre sur la rue, sur le passage des gens. Souvent, l'épicière s'affairait chez elle et désertait le comptoir. Les clients criaient alors : "venez vendre" (vini ven') pour manifester leur présence.

Tout à côté du lolo, il y avait la buvette, partie exclusivement réservée aux hommes. Les habitués de la buvette s'y retrouvaient pour prendre leur casse-croûte de 9 heures accompagné d'un petit sec (petit verre de rhum blanc) et échanger deux mots, quatre paroles. Ils formaient un petit cercle d'amis où tout le monde n'était pas admis d'office.

Le lolo ne fonctionnait pas sans la buvette qui représentait près de 50 % de la recette.

Les lolos étaient tenus par des femmes et la boutique était l'espace des femmes en général. C'est autour du comptoir qu'avaient lieu bon nombre d'échanges. C'était un lieu de bavardages, de makrélage, de confidences ...

Dans cette épicerie, c'était la vente au détail qui primait : les gens pouvaient acheter, en fonction de leur petit moyen, seulement ce dont ils avaient besoin dans l'immédiat. Par exemple, on vendait : 1/4 d'huile, un oignon, une chopine de pois, une part de pain, quelques carrés de chocolat, un morceau de savon, quelques allumettes, une bougie, une enveloppe, etc.

Tableau des mesures usitées

Le crédit n'était accordé qu'à certaines conditions : il fallait que la tenancière du lolo connaisse bien la personne, son mari ou conjoint. De ce fait, l'épicière connaissait tous les gens du quartier et le lolo servait souvent de point de renseignement.

Une fois la confiance accordée, elle notait, avec précision, sur un carnet les dépenses journalières de chacun. Vers la fin du mois, elle reportait toutes les dettes des clients sur un carnet mensuel.

Pour faire marcher son commerce, attirer la clientèle et chasser les mauvaises choses la tenancière avait ses petites pratiques :

  • pour faire rentrer l'argent dans la caisse, elle mettait dans une petite bourse : 3 graines de mirobolant, 3 cosses d'ail et 3 cosses de pois ;

  • elle lavait autour de sa case avec du menné-vini, du grésyl, de l'ammoniaque, de la javel ;

  • elle enfumait sa boutique en faisant brûler dans une vieille poêle de l'encens, de la myrrhe, du benjoin, du sucre ;

  • dissimulés par les poutres sous le toit, il y avait en général un portrait de Saint-Michel terrassant un dragon et une croix faite avec des branches d'acacia.


Aujourd'hui, les lolos tendent à disparaître (à la fin des années 60, on en comptait plus de 3.000 ; au début des années 80, il en reste moins de 1.000). Un pouvoir d'achat plus important et un développement du commerce avec le fleurissement des supermarchés ont contribué à cette disparition. On ne pense plus au lolo sauf en cas de dépannage.

 

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