Le mariage antan lontan

Les amoureux d'antan

A l'époque de nos grands-parents (aux alentours des années 20), un jeune homme apercevant une jeune fille qui lui plaisait, sans même l'aborder ni lui adresser la parole, envoyait quelqu'un (un parent ou un ami) voir les parents de cette jeune fille afin de lui demander sa main.

Si les parents acceptaient, le jeune homme se présentait alors et commençait à fréquenter la jeune fille. Il avait la possibilité de lui parler, mais toujours en compagnie d'une personne et toujours chez les parents de la fille. Même lors des sorties, ils étaient accompagnés : jamais on ne les laissait seuls.

Parfois les parents refusaient de donner leur fille en mariage au jeune homme en prétextant que le garçon n'était pas assez bien pour leur fille (pas assez riche, pas beau, trop noir -hé oui !-, etc.)

Les fiançailles

Si tout allait bien, on arrivait aux fiançailles. Une grande fête était organisée avec parents et amis où la fiancée recevait sa bague de fiançailles. Dès lors, ils pouvaient se tenir par la main, s'embrasser à peine, sortir ensemble, mais toujours en compagnie du père ou de la mère, ou encore d'un autre parent.

Les fiançailles pouvaient durer très longtemps (parfois jusqu'à cinq ans) car tant que le garçon n'avait de logement pour créer son foyer, il ne pouvait se marier. Pour l'aménagement du logis, c'était le jeune homme aussi qui devait pourvoir aux meubles du séjour : table, chaises, buffet, ... La jeune fille apportait la chambre à coucher (lit, armoire, chiffonnier, ...) que ses parents lui offraient.

Il arrivait que durant cette longue période, le garçon ou la fille (voire même les parents) change d'avis. Les fiançailles étaient alors rompues.

Le mariage

Une fois les fiancés prêts, on fixait une date pour le mariage et les préparatifs commençaient : choix des demoiselles et des cavaliers pour le cortège, choix des vêtements, etc.

La demoiselle d'honneur (la première du cortège) n'était pas choisie au hasard car elle serait aussi la marraine du premier enfant et son mariage était prévu pour l'année suivante (donc déjà promise).

Les témoins, eux aussi, aussi étaient choisis avec soin. Ils devaient soit être célibataires de bonne conduite et pratiquant, soit mariés(es) menant une vie exemplaire et pratiquant et, pour ces raisons, les futurs mariés choisissaient toujours des personnes d'âge mûr.

Les vêtements : pour une jeune fille célibataire et vierge : la robe était longue, blanche avec un long voile. Elle portait à la main un bouquet de fleurs blanches et, pour celle qui le désirait, une couronne de fleurs blanches sur la tête. La demoiselle d'honneur devait forcément être en blanc (robe et bouquet). Les autres demoiselles portaient des robes de couleur.

Pour une jeune femme (vivant déjà maritalement) : l'habit (tailleur : veste et jupe ou robe normale) était en couleur avec un voile court ou un chapeau.

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On ne louait pas de salle pour la réception. Elle se faisait chez les parents et on aménageait la maison pour cette occasion en ajoutant des vérandas, des abris fait avec feuilles de cocotier tressées ... La mairie pouvait également prêter une salle.

Chez les bourgeois (les gens aisés), il y avait des faire-part et des cartons d'invitation. Chez les gens plus modestes, les parents des futurs mariés ou les fiancés eux-mêmes se rendaient personnellement aux domiciles des personnes pour les inviter à la noce.

Le mariage à l'église était annoncé durant les trois dimanches précédents le mariage. C'était la publication des bans. Le troisième dimanche avant le dimanche du mariage, le curé annonçait le premier ban : "Mariage de M. Intel et de Mlle Intel". Le deuxième dimanche, c'était le deuxième ban et le dernier dimanche le troisième ban.

Il y avait trois catégories de mariage, selon la hauteur des porte-monnaie :

Le "mariage première classe" : mariage pour les riches avec ornements, tapis, chants (veni creator), cloches sonnées à toutes volées.

Le "mariage deuxième classe" : mariage sans ornement, sans tapis avec un petit son de cloches.

Le "mariage troisième classe" dit populairement "béni promesse" : pas d'ornements, pas de cloches.

Les personnes (les grandes personnes c'est-à-dire les personnes d'un certain âge) qui vivaient maritalement depuis de nombreuses années se mariaient simplement, parfois très tôt le matin pendant ou après la messe, sans cortège. On ne se rendait même pas compte qu'il y avait un mariage. On appelait cela un "béni rété".

Après la cérémonie, on recevait parents et amis. Il y avait le déjeuner de noces avec toujours du mouton. La fête se poursuivait dans la soirée avec pâté en pot (en Martinique), pâtés à la viande, amuse-gueule variés. Il y avait pas ou peu de champagne, plutôt du mousseux, des limonades et sodas et bien sûr des gâteaux (selon les moyens). Pas de dragées.

Pendant la soirée, la mariée, les yeux bandés, envoyait son voile sur les jeunes filles réunies autour d'elle et on disait que celle qui le recevait se marierait l'année prochaine. Le marié faisait de même avec ses gants avec les jeunes gens réunis en cercle autour de lui.

Vers minuit, les mariés s'éclipsaient discrètement. Ils rentraient chez eux pour reparaître huit jours plus tard. En effet, les jeunes mariés devaient rester chez eux sans sortir et sans voir personne pendant huit jours. Une personne était chargée de leur apporter à manger.

Si la jeune fille était vierge, le jeune homme devait aller, plus tard, en rendre compte à la maman de la jeune mariée pour la féliciter (elle avait bien élevé sa fille).

Après cette période de huit jours, le dimanche suivant en général, il y avait une nouvelle fête avec parents et amis : le retour du mariage.

Durant les jours qui suivaient, les jeunes mariés allaient dire bonjour aux personnes de leur voisinage (pour faire savoir à tous qu'ils étaient mariés).


Avec le temps, ces choses ont quelques peu évolué. A l'époque de nos parents (dans les années 50), le garçon et la fille se fréquentaient en cachette, sans que les parents soient au courant jusqu'au jour où la fille demande au garçon de se rendre chez ses parents afin de faire leur connaissance. Si le garçon avait de bonnes intentions, il se présentait alors chez les parents de la fille et leur demandait sa main.

La demande en mariage pouvait également se faire par écrit.

La jeune fille restait tout de même sous la surveillance des parents, bien que souvent, les deux amoureux arrivaient à se voir en cachette.

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