Les
remèdes-pays
(ou
l'art d'utiliser les plantes pour leurs bienfaits)
Vivant étroitement
avec la nature et connaissant les vertus des nombreuses
variétés de plantes qui poussaient dans leurs jardins, nos
parents et grands-parents savaient conseiller telle ou
telle plante pour guérir un mal de tête, une
toux persistante ou un problème d'insomnie.
Ce
savoir se transmettait de bouche à oreille,
tout simplement : en voyant les parents faire, les
enfants, une fois adultes, faisaient de même.
Mais les
temps ont changé, le béton a pris le pas sur la nature
qui de plus en plus est piétinée pour laisser la place
aux belles routes et aux superbes villas. La plupart des
populations habitent en ville (ou en Métropole) et ne
savent plus manier la houe et le trident ni reconnaître
les différents plantes du pays. Les médicaments des
pharmacies ont remplacé, dans bien des cas, ces remèdes-pays
qui sombrent dans l'oubli ...
Nous
voudrions dresser ici une liste (non exhaustive)
recensant divers remèdes-pays plus ou moins connus.
Voici donc quelques exemples de plantes et leurs vertus thérapeutiques
sinon bienfaisantes :
Infusions et décoctions
:
-
Feuilles de corossolier en tisane : combat
l'insomnie.
-
Fleurs
d'atoumo en tisane :
combat la toux.
-
Feuilles de tamarin
sur :
en tisane pour les femmes enceintes.
-
Infusion de sémèncontra + trois gouttes d'assa
foetida
: contre les maux de ventre (vers intestinaux).
-
Tisane à base de
feuilles de paroka (+ une pincée de sel) :
apaise la toux, fait descendre la tension, calme
les douleurs de règles.
-
Tisane
à base de feuilles de chiendent : "rafraîchit"
les intestins avant de prendre une purge.
-
Tisane à base de
bourgeons de feuilles de goyavier : contre la diarrhée.
-
Tisane à base de
fleurs manbisou : contre la
grippe.
-
Fleurs
de papayer mâle macérées
dans de l'alcool à 70° pour soigner les chank
dlo (infiltration d'eau sous les ongles due
aux travaux ménagers où les mains trempent
souvent dans des eaux de lessive). Y tremper le
doigt malade pendant quelques minutes.
-
Noyaux
écrasés de sapotilles en décoction
pour soigner les cystites.
-
Infusion avec l'écorce
de catalpa pour
combattre la constipation. (Les plongeurs utilisent aujourd'hui
les feuilles de catalpa pour nettoyer leur masque de plongée).
-
Thé à base d'herbes
couresse : fait baisser la tension.
A la manière de
nos aînés :
-
Pour les femmes
enceintes, manger des gombos durant les dernières
semaines de la grossesse facilitait
l'accouchement et durant les quelques heures précédent
l'accouchement, on faisait boire l'eau de cuisson
des gombos.
-
Pour requinquer et
nettoyer l'organisme juste après un
accouchement, les femmes buvaient, pendant
trois jours, une tisane faite à base d'écorce
d'acajou amer avec un peu de miel et un
petit jus de citron.
Pour faire disparaître
une verrue : un citron. Sans détacher le citron
de l'arbre, coupez celui-ci en deux. Sous l'arbre
même, frottez la verrue avec la moitié du fruit
qui sera ensuite jeté par-dessus l'épaule et
partez sans regarder en arrière : la verrue
disparaîtra au fur et à mesure du dessèchement
du demi-citron resté accroché dans l'arbre.
Avec
l'écorce de bois-bandé macérée dans du rhum
blanc, on obtient une liqueur qui, paraît-il,
donne de la "vigueur" aux hommes.
Pour
soigner le bégaiement, on faisait boire aux
enfants, quotidiennement, de l'eau dans un gros
coquillage (une coquille de burgot) qui leur
servait de timbale.
Pour
faire partir (détourné en créole) un clou
sur la paupière (orgelet), on conseillait
de le frotter, le matin au réveil (avant d'avoir
poser le pied par terre et prononcer une parole)
avec la main opposée à l'oeil en contournant la
tête par l'arrière. Plusieurs fois de suite, la
main devait tourner autour de la tête et frotter
la paupière au passage. On pouvait, en faisant
le geste, répéter "Allez, maudit clou
!".
-
Pour désinfecter
la bouche et empêcher les saignements après l'extraction
d'une dent, on faisait des bains de
bouche avec de l'eau tiède additionnée
d'un jus de citron.
-
Pour
atténuer des nausées, on préconisait de sucer un
épingle à cheveux ou de se mettre
quelques grains de sel sur la
langue.
-
Pour
combattre les poux, on utilisait
le noyau de
l'abricot-pays (qui
est très toxique pour l'organisme en cas d'absorption). On râpait le
gros noyaux après avoir ôté l'écorce marron. On faisait macérer dans
du rhum pendant deux jours puis on badigeonnait le crâne et les
cheveux contaminés par les poux. On enveloppait la tête dans un
carré de coton pendant une demi-heure, puis on procédait au
shampoing.
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