FETES ET TRADITIONS


Le Carême

Rameaux

Juste après la chaude période du Carnaval, débute le Carême qui s'étale entre le mercredi-des-Cendres et Pâques. Période de restriction et de privation, elle correspond avec la saison sèche.

La Guadeloupe et la Martinique sont des îles où la religion catholique tient une place importante et nombreuses sont les personnes qui observent les pratiques religieuses.

A l'époque de nos parents, pendant le Carême, on n'allait pas danser (pas de bal, pas de zouk). Le vendredi, on ne consommait pas de viande et on mangeait plutôt maigrement. Notre mère nous a transmis cette tradition des repas légers du vendredi de carême où, le soir, nous nous contentions d'un bon bol de chocolat noir (kako), bien épais parfumé à la cannelle et à la noix de muscade (voir la recette).

Pendant le carême, pas de mariage, pas de fêtes, pas de musique.

L'entrée dans la semaine sainte accentuait encore plus l'observation des règles de pénitence. Dès le jeudi Saint, avec la messe du matin, les cloches des églises s'arrêtaient de sonner jusqu'au samedi matin.

Les différents offices des jours suivants étaient annoncés par des rara, activés par les "enfants de choeurs", à travers toutes les rues du bourg d'où l'expression : i ka palé kon on rara la simèn' sint' (traduction).

Premier son l'office (rara)
Deuxième son l'office (rara)
Tinton (rara)

criaient les enfants en faisant tourner les rara.

Nos anciens vivaient la journée du vendredi Saint dans le respect de la mort du Christ :

  • interdiction de chanter,

  • de faire de la musique,

  • de taper avec un marteau,

  • de toucher aux clous (qui évoque la crucifixion du Christ),

  • de balayer la maison ...

Durant cette avant-dernière journée de carême, le jeun était accentué : pas de matière grasse, pas de viande, le strict minimum. C'était une journée très triste. S'il pleuvait le vendredi saint, les gens récupéraient l'eau de pluie directement en disant que c'était de l'eau bénie.

Le matin de ce vendredi, il y avait des prières à l'église avec l'adoration du Christ.

A 15 heures, toutes les églises se remplissaient à nouveau pour le Chemin de Croix toujours annoncé par les enfants de choeur : "Premier son Chemin de croix (rara)", etc.

Dès la sortie de l'église, les cuisinières se mettaient à leur réchaud pour faire des marinades avec la pâte qu'elles avaient préparée durant la matinée. Ces marinades composaient le repas du soir (voir la recette).

Le samedi, le samedi Gloria, il y avait la messe où les cloches se remettaient à sonner, "ressuscitaient".

Pendant que les cloches sonnaient, les gens en profitaient pour vivement (afin de faire tourner la chance) :

  • se laver le visage,secouer

  •  les enfants nonchalants,

  • secouer les arbres qui ne portaient pas de fruit,

  • battre le cochon qui avait du mal à engraisser.

On récurait la maison, le plancher ...

Après la messe, on allait chercher de l'eau bénite à l'église car chacun, précieusement, en conservait chez lui dans un petit flacon.

 

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