FETES ET TRADITIONS : Prèmyé janvié


Le Jour de l'An

Deux ou trois jours avant la nouvelle année, c'était le grand nettoyage. On nettoyait à fond toute la maison : on sortait des buffets la vaisselle réservée aux grandes occasions afin de la laver. On rangeait les placards, les armoires. On décrochait les toiles d'araignées, on enlevait la poussière des tableaux, sujets, objets décoratifs, etc. Parfois, on redonnait même un coup de peinture. On brossait les sols, les planchers en bois avec des feuillages (arada, fey' douvan ou fey' douvan neg).

On n'oubliait pas de prendre un bon bain pour se débarrasser de la crasse de l'année écoulée.

Tout cela pour ne pas commencer la nouvelle année sur les vieilles poussières de l'an passé.

Les parents racontaient aux enfants que le 31 décembre, à minuit, il y avait un duel entre Saint-Sylvestre et Saint-Circoncis sur la place publique. Certains y croyaient et désiraient se rendre sur les lieux afin de voir qui serait le gagnant qui, vous l'aurez tous deviné, était Saint-Circoncis.

Le 1er janvier, tout le monde se levait très tôt, dès 4 heures du matin et se préparait pour se rendre à la messe de 5 heures : la messe de l'Aurore. On descendait en famille à la lueur des flambeaux (chal'touné) dans la noirceur du petit matin. Les églises regorgeaient de fidèles venus prendre la première bénédiction de l'année.

Tout le monde portait des vêtements neufs et pour que l'année soit bonne et prospère, les femmes avaient coutume d'étrenner une robe faite dans un tissu à pois. Il était déconseillé de porter une robe bleue car cette couleur est celle de la misère comme le dit l'expression créole : en misè blé (une misère bleue).

Après la messe, chaque famille passait de maison en maison pour souhaiter la bonne année. On offrait à boire un petit verre de Vermonth. Certains sortaient leur instrument de musique (accordéon, mandoline, flûte) et on s'amusait dans le petit matin.

C'était le jour des échanges de voeux et de petites étrennes. Les enfants recevaient de leur parrain ou de leur marraine, un oeuf que l'on mettait à couver pour avoir un poussin qui grandirait et deviendrait un coq ou une poule qui à son tour donnerait des oeufs ; une mandarine ou une orange.

Il était d'usage d'offrir aux êtres chers des oranges ou des mandarines. Les pépins étaient précieusement conservés car ici, pépins ne riment pas avec soucis, bien au contraire : autant de pépins, autant de bienfaits pour l'année.

On épluchait l'orange sans casser la peau qui formait alors une longue spirale qu'on envoyait en l'air en même temps que l'on formulait un voeu : si la peau de l'orange retombait face en l'air, c'est-à-dire la partie verte au-dessus, on avait toutes les chances de voir son voeu se réaliser dans le courant de cette année nouvelle.

Au déjeuner du midi, il était coutume de préparer des haricots (rouges ou blancs) ou des pois, ceci pour faire entrer l'abondance dans sa maison, pour que les kannari soient toujours bien garnis durant les 365 prochains jours.

Certains profitaient de ce début de l'année pour prendre un bain démarré afin de se délivrer de tout sortilège.

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