Les femmes enceintes n'étaient pas entourées par tous les soins médicaux que nous avons aujourd'hui. Dans cet un état particulier, les femmes observaient de nombreuses règles afin de protéger et de porter chance à l'enfant à naître. Tout d'abord, elles attendaient d'avoir bien six mois de grossesse avant de commencer à acheter ou à confectionner des vêtements pour le bébé. Le prénom du bébé était choisi, mais elles le gardaient secret jusqu'à la naissance voire même le baptême de l'enfant. Elles n'allaient pas dans les veillées mortuaires car, disait-on, si une future maman voyait un mort, l'enfant naîtrait avec les yeux révulsés. Durant les quelques jours qui précédaient l'accouchement, on faisait prendre à la future maman des bains de raquettes (sorte de feuilles épaisses que l'on râpe dans l'eau et qui la rend gluante), consommer des gombos, pour préparer son corps à l'accouchement. Les femmes accouchaient chez elles avec l'aide d'une autre femme expérimentée (la sage-femme qui, nullement dotée de diplôme, était réputée pour savoir délivrer les femmes dans les douleurs de l'enfantement). Pour soulager les douleurs, on administrait des tisanes, on faisait prendre un bain en badigeonnant le ventre de savon. Lorsque le bébé était né, on récupérait le placenta que l'on mettait en terre et sur lequel on plantait un arbre (bananier ou autre). C'était une tâche réservée au père. La grand-mère ou une soeur ou encore une voisine qui avait déjà eu des enfants restait, pendant trois à quatre jours, auprès de la mère pour s'occuper d'elle et de son bébé. Le nouveau-né avait la tête enserrée dans un petit bonnet (un serre-tête) pour, disait-on, former son petit crâne. Il était habillé et enveloppé dans une serviette. Le bébé dormait à côté de sa mère (les berceaux n'étaient pas à la mode, surtout chez les personnes de conditions modestes) ou dans un tray garni de linge, ou encore dans un panier tressé. Les biberons étaient fabriqués à l'aide d'une petite bouteille en verre à laquelle on ajoutait une tétine achetée à la pharmacie. Pour calmer le bébé, on lui faisait boire quelques gouttes d'eau de fleur d'oranger dans un peu d'eau légèrement sucrée. La maman devait garder le lit pendant au moins quatre jours après l'accouchement afin d'éviter la "descente d'organe". Pour se purifier le corps, elle buvait de la tisane pendant quelques jours. Elle devait se ménager et pendant 40 jours, elle ne devait pas :
La plupart des femmes allaitaient leur bébé jusqu'à l'âge de 18 mois environ. Les enfants étaient baptisés dans le courant de leur première année (voir le baptême). Dès l'âge de trois mois, les petites filles avaient les oreilles percées afin de pouvoir porter, plus tard, de magnifiques boucles d'oreilles, bijoux indispensables pour l'élégance. On faisait toutefois attention à la saison des fruits car, disait-on, si on perçait les oreilles à l'heure de la saison des prunes, l'enfant pouvait avoir une "prune" derrière l'oreille (un rejet de chair) et on choisissait, toujours pour la même raison, une période ou la lune était descendante (décroissante). Pour percer les oreilles des fillettes, on les emmenait chez un orfèvre qui, à l'aide d'un coton imbibé d'alcool, nettoyait le lobe de l'oreille après l'avoir roulé entre le pouce et l'index pendant une ou deux minutes afin de l'engourdir légèrement. Ensuite, il plaçait un bouchon en liège derrière le lobe et à l'aide d'une alène il perçait le lobe. Aussitôt, on y faisait passait un jonc (petit anneau rond en or). Durant les jours qui suivaient, on faisait tourner régulièrement ce jonc en appliquant des pommades cicatrisantes. Une fois les lobes bien cicatrisés, si on n'avait pas de boucles d'oreille pour remplacer les joncs, on y insérait une flèche d'herbe ou un petit morceau de souche à coco (nervure centrale d'une feuille de cocotier) pour éviter que le trou ne se referme. Prénoms "en vogue" dans les années 1920-1950
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