Sur la place de léglise, les marchandes attendaient la fin de la messe dominicale. Elles arrangeaient avec nonchalance leurs marchandises sur les étalages : les fruits aux couleurs vives, les légumes, les bouquets daromates et dépices, les bouteilles de punch, tout était installé avec le plus grand soin. Jenny, assise sous le parasol à côté de son étalage, contemplait les produits de son potager et espérait en tirer assez dargent afin de pouvoir payer à ses deux enfants, Charles et Amandine, une nouvelle paire de chaussures et quelques vêtements neufs. Il faisait beau et chaud. Trop chaud même. Le bourg paisible, semblait somnoler sous les rayons brûlants du soleil. Le ciel était dégagé et pas un souffle de vent ne venait remuer les palmes des nombreux cocotiers qui entouraient la petite place. La cloche de léglise se mit à carillonner, prévenant ainsi que loffice était terminé. Les portes souvrirent en grand, libérant un flot continu de fidèles qui se dirigèrent pour la plupart vers le marché. Charles et Amandine coururent jusquà leur mère qui les installa sur un petit banc en leur donnant à chacun un morceau de gâteau, petite gâterie que les enfants attendaient avec impatience tous les dimanches. Le marché sétait animé tout dun coup. Chaque marchande attirait dun mot charmeur la clientèle, vantait sa marchandise et offrait parfois un petit rabais. Les acheteurs, pour la plupart des femmes endimanchées, circulaient entre les allées, soupesaient les légumes, contestaient parfois un prix ou encore félicitaient une marchande pour la beauté de ses fruits. Tout le petit village se retrouvait là rassemblé et les langues allaient bon train. On prenait des nouvelles de chacun, on sinquiétait de labsence dun tel à la messe, on parlait, parlait. Les habitants fraternisaient entre eux comme si le sermon du curé les transportait avec allégresse vers leur prochain. Le dimanche était un jour particulier : tous les tracas de la semaine semblaient oubliés, de même que les querelles de voisinage. Chacun semblait vouloir vivre pleinement cette journée de repos. Au fil des heures, le marché se vida. Les habitants quittèrent le bourg les paniers remplis et bientôt la place de léglise retrouva son calme. Les marchandes rangèrent leurs tréteaux, fermèrent leur parasol, rassemblèrent leurs affaires et regagnèrent leur demeure qui se situait aux alentours du bourg. Avant de rentrer, Jenny sarrêta sur la plage avec les enfants afin de prendre un petit bain de mer et de déjeuner dun repas froid quelle avait préparé le matin de bonne heure. Cétait ainsi tous les dimanches. |